Challenge AZ

N comme… Noce : le départ de Régine

Mon challenge AZ 2023 : sur les traces de mon sosa 122, Antoine LAUWERS – une histoire bruxelloise

Comme nous l’avons vu à la lettre précédente, l’année 1864 marque un tournant pour les LAUWERS, avec le remariage d’Antoine et l’arrivée dans la famille d’Hélène TORFS et de son fils Charles.

Mais un autre événement allait bouleverser durablement la vie de cette famille, cette année-là : le mariage et le départ de Régine, l’aînée de la fratrie.

Régine convole en justes noces trois mois après son père, en septembre 1864. Et qui est donc l’heureux élu ? Quelqu’un que nous avons déjà croisé dans un article précédent, alors qu’il était encore dans ses langes : Théodore Albert Jean VANDERAUWERA.

Vous vous en souvenez peut-être, à la lettre C, en 1842, la famille VANDERAUWERA était recensée à la rue des Pierres, juste à côté du « Cracheur », l’établissement où travaillait et vivait notre Antoine, chez M. VAN MEERBEEK. Théodore n’avait alors que quelques mois – autant dire qu’Antoine a connu son gendre au berceau !

Acte de mariage. En rouge les signatures des époux, Théodore et Régine ;
en blanc, les signatures d’Antoine et de son ami Pierre Laduron

Théodore et Régine vont s’installer à la rue de Louvain où ils deviendront négociants en tabacs. Par la suite, ils résideront à la rue du Cirque, à la rue des Poissonniers, et à la rue des Chapeliers (toujours à Bruxelles, bien sûr).

À ma connaissance, ils auront quatre enfants, dont deux filles qui parviendront à l’âge adulte :

  • Une petite Rose Antoinette, 1865-1869 ;
  • Anne Louise, née en 1867, mariée en 1886 avec Henri Oscar MILLS ;
  • Hortense Jeanne, née en 1868, mariée en 1888 avec Louis Charles Elie VAN REMOORTERE ;
  • Un petit Alexandre Jean, 1869-1869.

Malheureusement, Théodore décèdera en 1885 à seulement cinquante ans, et Régine se retrouvera veuve à l’âge de 41 ans.

*****

Je ne m’étais pas vraiment intéressée à la vie de ce couple, mais en préparant ce challenge, je me suis rendu compte que celle-ci n’avait peut-être pas été des plus simples…

À l’origine de mes doutes ? Un détail qui m’a mis la puce à l’oreille : Théodore était décédé à Geel.

Geel est un village de la province d’Anvers qui a une caractéristique étonnante : il possède une tradition très ancienne d’accueil des malades mentaux en milieu familial (une particularité sur laquelle je reviendrai sans doute lors d’un prochain challenge, pour une autre de mes branches). Je me suis donc posé la question : Théodore avait-il des problèmes de santé mentale ?

Un rapide coup d’œil au registre de population m’a appris que Théodore avait quitté le domicile conjugal entre le 23 septembre 1867 et le 26 avril 1869. Entre ces deux dates, il était recensé à la rue de Schaerbeek.

En regardant où se trouvait cette rue, j’ai constaté qu’elle était proche de l’hôpital Saint-Jean ; et en cherchant à en savoir plus sur cet hôpital, j’ai trouvé, entre autres, les lignes suivantes :

« L’hôpital Saint-Jean, qui existait déjà en l’an 1200. Il renferme 250 lits. On y reçoit les indigents atteints d’aliénation mentale, qui sont ensuite transférés au village de Gheel, sous la surveillance d’une commission (…). »

Le 23 avril 1874, dix ans après leur mariage, les deux époux sont séparés de biens :

« Il résulte d’un jugement (…) que la dame Jeanne-Régine Lauwers, marchande, épouse de Théodore-Albert-Jean Vanderauwera, employé, domiciliée de droit avec son mari à Bruxelles, boulevard Barthélémy, 14, et résidante même ville, rue des Chapeliers, a été séparée de biens d’avec son mari, ledit sieur Vanderauwera. »

Théodore décède à Geel le 29 décembre 1885. Il est alors domicilié chez un certain Josephus Moorkens, et il est sans emploi – ce qui signifie, d’une part, qu’il n’y réside pas avec sa famille, et d’autre part, qu’il n’y a pas été muté pour son travail. Bizarrement, dans tous les actes où ce décès est mentionné par la suite, le lieu n’est jamais précisé – comme si on voulait faire abstraction de ce détail peut-être gênant (autre époque, autres mœurs !).

Tous ces éléments tendent à confirmer que le pauvre Théodore souffrait effectivement de maladie mentale. Je pense que Régine s’est retrouvée seule assez tôt pour gérer la vie de famille et ses multiples contraintes. Elle n’a d’ailleurs jamais cessé de travailler.

En 1894, neuf ans après le décès de Théodore, Régine s’est remariée avec Antoine Lanneau, un marbrier originaire de Nivelles, et j’ose espérer que ce second mariage aura été plus heureux que le premier…

Illustrations et ressources :

  • Image d’en-tête et de fin : La place Teniers à Anvers, Henri De Braekeleer, via kmska.be
  • Acte de mariage, archives de l’État civil, via FamilySearch
  • Archives de la médecine belge, volume 7 à 9, date inconnue, via Google books
  • Moniteur belge, journal officiel, 2e trimestre 1874, via Google books

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