Mon Challenge AZ 2021 : sur la piste des pâtissiers grisons en Belgique et ailleurs…
Parmi les garçons-pâtissiers employés à Metz chez Jann KLAS, il y en a un qui a retenu mon attention : Silvestre PUTZI.
Il apparaît dans le registre de population de 1839 :

Puis, en 1840-41, juste avant que la famille KLAS-SCHNELLER ne quitte la Lorraine pour s’établir à Bruxelles :

D’après ces documents, on sait qu’il est originaire de Luzein, village voisin de Küblis dont est natif Jann KLAS, dans la vallée du Prättigau :

On sait aussi qu’il a 17 ans en 1840, donc qu’il est né vers 1823.
Par curiosité, au moment où je parcourais ces registres de population, j’ai fait une rapide recherche pour voir si je trouvais quelque chose sur un ‘Silvestre’, ‘Sylvestre’, Sylvester’, etc. PUTZI, qui serait né à Luzein vers 1823…
J’ai trouvé qu’un Silvestre PUTZI de Luzein avait fondé plusieurs établissements renommés à Cordoue, en Andalousie, avec ses deux frères. Était-ce le même ?
Plus tard, en farfouillant une fois de plus dans les registres de population de Saint-Josse-ten-Noode, dans l’agglomération bruxelloise, je suis tombée tout à fait par hasard sur cette ligne :

« PUTZI Silvestre », domicilié à la chaussée de Louvain n°3 – c’est-à-dire chez Jann KLAS…
Il les avait donc rejoints ?
Bizarrement, il ne figurait pas sur la page correspondante du registre, celle qui détaillait la composition du ménage, mais en creusant un petit peu, j’ai fini par trouver ceci :


Silvestre était donc arrivé à Saint-Josse-ten-Noode le 22 octobre 1845 venant de Gand, en possession d’un livret qui lui avait été délivré à Bruxelles le 4 octobre 1841 – ce qui signifiait qu’il était arrivé en Belgique au même moment que la famille KLAS-SCHNELLER, chez qui il réside au 3 chaussée de Louvain ; et comme par hasard, un mois avant l’ouverture à Gand – justement – de la pâtisserie « Aux deux Suisses » par la société KLAS & compagnie, dont je sais aujourd’hui avec certitude qu’elle incluait Jann KLAS (celui « de Metz »).
Silvestre quittait Saint-Josse le 15 septembre 1846 pour se rendre… à « Cordova », en Espagne.
C’était donc bien lui qui se trouvait à Cordoue avec ses deux frères, Klas (Nicolás) et Ambrosi (Ambrosio). Ils étaient surnommés « los hermanos Puzini », les frères Puzini.
Sur le site Cordobapedia, on peut lire à leur sujet :
« Les frères Puzzini ou Putzi étaient trois frères (Nicolás, Fester et Ambrosio) hôteliers de la ville de Cordoue dans la seconde moitié du XIXe siècle.
L’un des frères s’est d’abord installé dans la Calle Alfonso XIII où il a ouvert une petite pâtisserie et un glacier, un lieu dont les traces remontent au minimum à 1855.
En 1861, ils ont ouvert une auberge et c’est le début d’une expansion des propriétés et des entreprises qu’ils géraient, comme le Café Suizo situé dans la Calle Ambrosio de Morales, n°10, et la Fonda Suiza [l’auberge suisse], d’abord dans la Calle Diego de Léon, et plus tard sur la Plaza de las Tendillas, ainsi qu’un glacier installé en été [sur] l’Avenida del Gran Capitán (…). » (traduction libre)

Dans un document de P. Michael-Caflisch que l’on peut consulter ici, on trouve quelques précisions au sujets des frères PUTZI de Luzein – bon, je ne connais pas le romanche, mais les noms propres et les dates sont tout à fait compréhensibles 🙂

On apprend du même coup qu’ils avaient une sœur prénommée Ursula et qu’ils étaient de Luzein/Dalvazza.
Malheureusement, je n’ai pas encore trouvé comment consulter les registres espagnols pour reconstituer le parcours de cette fratrie. Il semblerait que Silvestre, dit Fester, comme on l’a vu, ait eu deux fils nommés Nicolás et Tomás, mais je n’ai pas encore pu vérifier tout ça.
Le seul document le concernant auquel j’ai pu accéder est un registre de population de l’année 1900 :

Silvestre Putzi est né le 22 avril 1823 à Luzein, en Suisse ; il est marié et il est recensé Calle Ambrosio de Morales avec un Tomas Putzi né en 1873 : son fils ? Son petit-fils ? Impossible à dire pour le moment.
On notera dans ce document la signature de notre Fester : « Silvestre Putzi y Klas » : nous sommes en Espagne, où chacun porte le nom de ses deux parents…
Et en effet, l’acte de décès d’Ursula PUTZI (y) KLAS, en 1864, nous apporte une précision très intéressante :

Ils sont les enfants de Tomas PUTZI et Anna KLAS !
Notre Fester était-il apprenti à Metz chez son oncle ? J’en ai bien l’impression…

Illustrations et ressources :
- Image d’en-tête : intérieur de la mosquée de Cordoue, Juan Laurent, 1856 – 1863, via rijksmuseum.nl
- Registres des tableaux de population, Archives municipales de Metz (1F/b193 p.104, 1F/b198 p.102)
- Vallée du Prättigau, par Tschubby (cropped and modified) – travail personnel, CC BY-SA 3.0
- Registres de population de Saint-Josse-ten-Noode, via FamilySearch
- Café Suizo à Cordoue, via Cordobapedia
- Cafe, tschiculata, rasoli a larmas : egn raport provisori davart l’emigraziùn da pastiziers a cafetiers grischùns, P. Michael-Caflisch, Annalas da la Societad Retorumantscha, accédé ici
- Archives de Cordoue, Andalousie, via FamilySearch
Mais c’est qu’on visite l’Europe avec tes Suisses !
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Et encore, je n’en ai exploré qu’une toute petite partie. Ils étaient vraiment partout !
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